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lundi 13 février 2023

Les mythes, miroirs de nos sociétés - Laetitia Abad Estieu et Lucie Louxor

Le matriarcat des Amazones, la boîte de Pandore, l’héroïsme de Thésée ou les amours lesbiennes d’Artémis… La mythologie gréco-romaine est une source inépuisable de récits exceptionnels qui renferment des éléments de lecture pour repenser notre propre société. 
En effet, la manière dont ces mythes ont été créés, racontés et transmis à travers les âges, véhicule des stéréotypes qui s’ancrent - entre autres - dans les cultures du viol, de l’inceste, de la virilité encensée ou du sexisme décomplexé, qui caractérisent encore notre époque contemporaine.
 
Bon, il y a d’autres lectures que j’ai faites avant et dont il faudrait que je vous parle, mais tant pis, j’ai décidé de vous parler d’abord de ce fabuleux livre de Laetitia Abad Estieu et magnifiquement illustré par Lucie Louxor. 
 
Vous le savez si vous traîner ici depuis un moment, j’aime beaucoup la mythologie grecque et plus encore leurs réécritures modernes et féministes. Il était donc limpide que Les mythes : miroirs de nos sociétés allait me plaire. 
 
Au final c’est même plus que cela : ce livre m’a vraiment bouleversée. J’ai été subjuguée par la manière dont l’autrice a réécrit ces mythes qu’on connaît toustes (ou presque) et les analyse dans le prisme de notre société moderne et de nos combats politiques et militants. 
 
J’ai également eu le plaisir de découvrir des mythes et des protagonistes dont je n’avais jamais entendu parler. Le faire dans un tel contexte était vraiment très intéressant et instructif et j’en suis très contente. 
 
Attardons-nous également un instant sur l’objet-livre en lui-même : c’est une merveille. C’est un magnifique recueil relié et dont les diverses illustrations sont à tomber par terre. 
Le talent de Lucie Louxor a réellement été mis à contribution et ça se ressent grandement tout au long des pages. Elle mettent parfaitement en valeur les mythes dont il est question et la découverte n’en est que meilleure grâce à elles. 
 
Ce duo de femmes réussit avec brio à nous offrir un livre à la fois pédagogique, élégant et militant et ça, c’est tout ce qu’on aime. 
 
En bref, si vous recherchez un livre original et moderne sur la mythologie grecque, je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur celui-là. 
Vous ne le regretterez pas.
 
 
Les infos utiles
 
L'Instagram de Laetitia Abad Estieu
Le site de Lucie Louxor
Parution : 21 octobre 2022 - Mango Éditions

vendredi 13 janvier 2023

Précis de culture féministe pour briller en société patriarcale - Sabrina Erin Gin

Que diriez-vous si vous pouviez recadrer tonton Robert, connu pour ses opinions antiféministes lors des repas de famille, rien qu’avec une petite anecdote méconnue, le tout en brillant par votre intelligence ? Dans une période où le féminisme imprègne de plus en plus notre manière de penser, Sabrina Erin Gin propose de traiter les grands sujets du féminisme par le biais des petites histoires qui ont forgé la grande. 
Savez-vous qui est Ada Lovelace ? Cette mathématicienne a créé le tout premier programme informatique au XIXe siècle, sans qui l’ordinateur n’aurait jamais été inventé. 
Saviez-vous que des médecins ont voulu interdire l’utilisation de la machine à coudre mécanique pour les femmes, qu’ils soupçonnaient de se masturber dessus ? 
Ce livre retrace différentes histoires, faits inconnus sur les femmes d'hier et d'aujourd'hui, des anecdotes farfelues qui ont contribué à asseoir le patriarcat. 
Un ouvrage nécessaire pour abolir l'histoire des hommes. 
 
« La plaisanterie n’empêche pas la rage ». 
Je trouve que cette phrase du préambule résume parfaitement bien le message de ce livre et le ton employé par l’autrice pour le faire passer. 
 
Car de la rage, nous en avons à revendre, surtout après avoir parcouru les quelques 200 pages de ce précis de culture féministe, qui nous montre à quel point les mécanismes du patriarcat et du sexisme sont si bien ancrés dans notre société actuelle, même si - comme on ne cesse de nous le répéter - « c’était pire avant ». 
 
Évidemment que c’était pire avant, mais est-ce une raison pour nous contenter du peu de droits que nous avons acquis ? Parce que, honnêtement, ce n’est pas folichon... 
 
A travers cet ouvrage, Sabrina Erin Gin (@Olympereve sur Instagram) nous fait remonter le temps, à travers l’Histoire (vous savez, cette grande Histoire, racontée par les hommes, pour les hommes….) et nous livre des anecdotes, des faits et des événements qui montrent à quel point le genre féminin a toujours été méprisé par par les hommes, et ce depuis la sédentarisation de l’humanité. 
 
J’ai appris énormément de choses durant cette lecture, que ce soit concernant la pratique du foot par les femmes, l’invention de l’amour, l’obsession de ces messieurs pour la masturbation féminine (au travail !?), l’appropriation masculine de termes linguistiques au départ neutres ou encore l’intersexuation. 
 
J’ai aimé le ton cynique utilisé par l’autrice tout au long de son écriture. On sent à travers celui-ci,toute la rage contenue par les femmes et les minorités de genre, face à la misogynie qui nous vampirise, mais aussi la lassitude face aux « arguments » qui nous sont envoyés à la figure, encore et encore lorsqu’on parle de sexisme et de féminisme. 
 
Mention spéciale à la dernière partie du livre, intitulée « Le problème ce sont les hommes », qui dresse un bilan fort peu glorieux de leurs exploits et nous démontrent que nous méritons mieux que d’être leurs égales. 
 
Et pour les sceptiques, sachez que ce bouquin est accessible et extrêmement bien sourcé. Des notes sont disponibles à chaque fin de chapitre, permettant à celleux qui le désirent d’aller plus loin dans la réflexion et la recherche. 
 
 
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L'Instagram de Sabrina Erin Gin
Parution : 13 septembre 2022 - Éditions Leduc

jeudi 4 août 2022

Feminist in progress - Lauraine Meyer


Un guide fun et intelligent pour découvrir les bases du féminisme 2.0 ou enrichir ses connaissances. 
Aigries, poilues, agressives, moches, lesbiennes (ou pire, célibataires !), les clichés ont la vie dure en matière de féminisme. Mais qu’est-ce que ça veut dire aujourd’hui « être féministe » ? 
Sous forme d’essai graphique coloré, drôle et décomplexé, cet album invite à déconstruire, l’une après l’autre, les normes et les idées reçues afin de nous ouvrir les yeux à toustes ! 
Du sexisme ordinaire au mouvement #MeToo, de la charge mentale au consentement, du Body Positive à la réinvention de l’hétérosexualité, en passant par l’écoféminisme et la sororité, Lauraine Meyer s’emploie à revisiter quelques thèmes et concepts fondamentaux, au cœur du féminisme post #MeToo.

Vous connaissez mon intérêt pour le féminisme, la déconstruction et tout ce qui s’y rapporte, vous ne serez donc pas étonné•es de mon intérêt pour ce livre que j’ai reçu en SP de la part de Casterman. 
J’ai énormément apprécié cette lecture, même si je n’étais pas totalement le public cible. 
En effet, cette BD porte bien son nom, puisqu’elle s’adresse avant tout aux personnes qui commencent leur voyage au sein du féminisme. Féminist in Progress propose donc une initiation aux concepts du féminisme, de la déconstruction des concepts de genre, à l’éducation non-genrée et aux autres concepts connexes. 

Le ton employé par l’autrice est volontairement simple et accessible à toustes (sans pour autant prendre les lecteurices pour des navets), parsemés de dessins et schémas mettant en scène des exemples concrets et visuels afin que les concepts expliqués soient compris rapidement et efficacement. 
Petit bonus non-négligeable : chaque chapitre est agrémenté de petites punchlines en pleine pages, toujours très pertinentes ET percutantes destinées à interpeller les lecteurices. Certaines m’ont vraiment fait beaucoup rire, tant leurs formulations étaient bien trouvées. 

Honnêtement Feminist in Progress est un must-have à avoir dans sa bibliothèque pour débuter son chemin de déconstruction. 
Et même si je disais en préambule que je n’étais pas forcément la cible privilégiée par ce bouquin, j’ai tout de même appris de nouvelles choses (notamment sur la question de l’épilation des poils « féminins »). 
C’était donc un vrai plaisir de lire ce titre de Lauraine Meyer dont j’ai découvert avec plaisir le style graphique. 
J’ai hâte de voir quel sera son prochain projet et il est certain que je serai au rendez-vous pour le lire.

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Parution : 4 mai 2022 - Casterman
Illustrations : Feminist in progress par Lauraine Meyer © Casterman 2022

lundi 23 août 2021

Une histoire de genres: Guide pour comprendre et défendre les transidentités - Lexie


À l’heure où les questions de genre et d’identité sont de plus en plus présentes dans l’espace public, voici un guide qui déconstruit tous les préjugés, les abus de langage, les non-sens liés aux transidentités, afin de mieux les comprendre et de donner les armes pour s’en émanciper . Car si être trans est une histoire de rapport de soi à soi, de prise de conscience individuelle, c’est aussi un rapport à des normes et constructions sociales, culturelles et historiques. 
Véritable prolongement du compte Instagram sur lequel Lexie s’emploie avec patience et grande rigueur à éduquer sur les questions de genre, ce livre est une vraie boussole et un outil d’empowerment pour les personnes trans qui sont souvent isolées, moquées, stigmatisées et font l’objet de violences extrêmes ; mais aussi pour les non trans, concernés ou non, car au-delà des transidentités, c’est sa propre place dans la société et le traitement des différences qu’il s’agit de questionner.

Ce livre me faisait très envie depuis avant sa parution de par le sujet qu'il traite. Alors lorsque je l'ai vu dans la dernière Masse Critique de Babelio, je n'ai pas pu résister et je l'ai coché. Le hasard a voulu que permis la dizaine de titres que j'avais cochés, je reçoive celui-ci, pour mon plus grand plaisir.

J'ai beaucoup aimé la manière dont le sujet est amené, ainsi que celle dont l'autrice a pensé et construit ses chapitres. Elle aborde énormément de thèmes - tous évidemment liés à la transidentité - et fait énormément de liens au fil des pages.
Le tout est documenté et sourcé, ce qui donne au lecteurice assez bien de pistes à explorer en plus de cette lecture.

Il est évident qu'en tant que femme cis je n'ai pas de légitimité à me prononcer sur la pertinence de cet essai pour les personnes concernées. Cela n'est absolument pas mon rôle.
En revanche, je peux dire qu'en tant qu'alliée, je ressors de cette lecture avec un regard encore plus affuté en ce qui concerne les diverses discriminations transphobes et enbyphobes. 

J'ai appris énormément de nouvelles choses durant ces presque 300 pages et ait pu me rendre compte que j'avais moi aussi pu avoir des propos problématiques par le passé. Si ce n'était pas intentionnel, c'est avant tout lié au fait que nous vivons dans une société elle-même transphobe qui nous transmet ses biais problématiques. 
L'autrice le souligne très bien au travers des différents exemples qu'elle cite et qui concernent toutes les sphère de notre société.

L'important c'est de s'en rendre compte, de ravaler le « notallcis » qui nous brûle les lèvres lorsqu'on nous le fait remarquer et de s’éduquer pour éviter de reproduire ces attitudes. 
C'est un travail de tous les instants, mais je pense justement qu'Une histoire de genres peut être un vrai guide en ce sens. 
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que cet essai porte un tel sous-titre.

En conclusion, j'ai beaucoup appris durant cette lecture et j'ai le sentiment d'avoir fait un pas en avant en tant qu'alliée, même si je me doute qu'il me reste encore beaucoup à apprendre.
Je recommande ce livre à tous·tes celles et ceux qui veulent s'instruire sur ces sujets, que vous ayez déjà des connaissances ou non. Car plus nous serons nombreux·ses à le lire, plus vite tous ces stéréotypes de genre pourront disparaître (oui je suis peut-être un brin optimiste, mais voilà, je suis comme ça).


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Parution: 10 février 2021 - Marabout

lundi 3 mai 2021

Sorcières, salopes, féministes - Kristen J. Sollée


La sorcière n’est pas toujours celle que l’on croit. La sorcière est la femme magique, la femme libérée et la femme persécutée. La sorcière pourrait être chacune d’entre nous. 
En se concentrant sur la libération sexuelle, ce livre retrace la lignée du « féminisme des sorcières » à travers l’art, le cinéma, la musique, la mode, la littérature, la technologie, la religion, la pop culture et la politique. Il aborde les droits reproductifs, le plaisir sexuel, la pornographie, l’identité queer, l’amour de son corps et le travail du sexe. 
Il met également en évidence que le mot « salope » est, de bien des façons, l’équivalent de « sorcière » au XXIe siècle. Kristen J. Sollée explique les liens indivisibles entre la sorcière, la féminité et la persécution subie par les femmes soupçonnées de sorcellerie. 
En racontant de manière condensée leur histoire depuis les débuts de la civilisation jusqu’à l’Europe médiévale et l’Amérique coloniale, l’autrice démontre comment les conceptions de genre sur les sorcières continuent de peser sur les femmes et de les influencer. Elle lève le voile sur les multiples aspects de la sorcière grâce à différentes méthodes, arrachant des couches de désinformation et de misogynie et retraçant son évolution de magicienne diabolique à symbole d’empouvoirement féministe, et inversement.
Le personnage légendaire de la sorcière, que nombre d’entre nous aiment imiter ou craindre, devient alors l’image des femmes révolutionnaires d’hier et d’aujourd’hui.

Lors d'une virée récente dans un magasin d'ésotérisme, mon regard a été attiré par ce livre au titre accrocheur. Un coup d'oeil à la quatrième de couverture m'a confirmé que ce livre était fait pour moi et que j'allais certainement n'en faire qu'une bouchée.

Finalement, j'ai tout de même pris quelques jours pour en faire la lecture car ce n'est pas le type de livre qu'on prend à la légère. J'avais besoin de faire des pauses pour assimiler ce que je lisais, histoire d'être sûre d'être totalement imprégnée par les mots forts de l'autrice.

À travers cet essai, l'autrice déconstruit l'image de la sorcière telle qu'elle nous est présentée depuis des siècles et fait le parallèle avec la notion de "salope" dont on affuble très souvent les femmes aujourd'hui.
L'un est finalement la continuité de l'autre, très souvent donné aux femmes qui dérangent, qui font du bruit et qui ne rentrent pas dans les cases imposées par la société patriarcale.

Kristen Sollé parle également de l'empouvoirement qui se dégage du fait de se réapproprier ces insultes sexistes pour en faire une force, une bannière à brandir face à la bêtise et à la haine que le féminisme peut susciter.

Car de la chasse aux sorcières débutée à la fin du Moyen-Âge au harcèlement en ligne des femmes et des minorités de genre il n'y a qu'un pas et c'est ce que l'autrice nous démontre à travers ses différents chapitres.

Par de nombreux aspects, Sorcières, salopes, féministes m'a fait penser à Sorcières de Mona Chollet, tout en me paraissant tout de même plus accessible. Les notes de bas de pages sont moins nombreuses et moins denses, mais elles n'en sont pas pour autant moins intéressantes.
Au contraire, on sent l'énorme travail de recherches de l'autrice à travers celles-ci, la volonté d'aller plus loin et de confronter son opinion à celle des autres.
Personnellement j'ai noté de nombreuses références littéraire, musicales et cinématographiques que je vais très certainement parcourir dans les jours et les semaines à venir.

Il y aurait encore tant de choses à dire sur ce livre, mais je vais m'arrêter là sinon ce n'est plus une chronique que je vais écrire, mais une dissertation et ni vous ni moi n'avons envie de lire ça.
Quoi qu'il en soit, je ne peux que vous encourager à lire cet essai si vous êtes un minimum intéressé·es par le féminisme et par l'image de la sorcière.
Et si vous êtes plutôt novices dans le domaine, je pense que ce livre pourrait être une première approche intéressante et abordable.


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Le site de Kristen Sollée
Parution VO: Witches, Sluts, Feminists - 6 juillet 2017 - ThreeL Media 
Parution VF: 1er septembre 2020 - Editions Guy Trédaniel

mercredi 21 avril 2021

Le genre: Cet obscur objet du désordre - Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu


Durant la dernière décennie, des millions de personnes ont manifesté contre lui à travers le monde... Pourtant, il reste largement méconnu. Qualifié par ses adversaires de théorie ou d'idéologie, le concept de genre fait l'objet de vives polémiques concernant l'éducation, le mariage et la filiation. Cette bande dessinée part de l'exemple français et notamment des manifestations contre le « mariage pour tous ». 
De la Pologne au Brésil, en passant par l'Italie et la Hongrie, les détails changent mais l'enjeu reste le même : ces mobilisations conservatrices questionnent le fondement même des démocraties libérales.

Depuis que je suis ouvertement féministe, je me renseigne et me nourris d'énormément d'écrits, de blog, de publication Instagram et autres afin de toujours en apprendre plus, de confronter mes idées et de discuter avec des personnes bienveillantes.
Cela fait donc un bon moment que j'ai entamé mon processus de déconstruction par rapport aux stéréotypes de genre, à l'hétéronormativité et à toutes ces choses qui nous sont inculquées depuis toujours et qu'on ne remet que très peu en cause. 

Ainsi quand j'ai aperçu ce titre dans le programme de parution des éditions Casterman, il était évident que j'allais vouloir le lire. Le titre m'a tout de suite sauté aux yeux et j'étais curieuse de découvrir cette BD.
Ce titre dresse donc le portrait de ce qu'ils s'est passé durant ces dix dernières années concernant le concept du genre, en partant de l'exemple français. Un portrait qui n'est évidemment pas neutre étant donné que les auteurices sont elleux aussi impliqué·es dans les luttes féministes, antisexistes, etc.

J'ai trouvé cet ouvrage vraiment très complet. Les auteurices partent effectivement de faits qui se sont déroulés en France et ailleurs, analysent les divers discours qui ont été prononcés à la fois par les partis dits "conservateurs" et "réformateurs" et nous en livrent une synthèse dans cette BD.

Etant moi-même belge, il y a des choses que j'avais parfois du mal à appréhender, notamment par rapport au fonctionnement politique français, mais dans l'ensemble le tout est bien présenté et analysé. 
Cependant je pense que ce livre est tout de même assez poussé et qu'il faut déjà avoir un certains bagage pour l'appréhender pleinement. Je pense d'ailleurs en faire une deuxième lecture afin d'être certaine de bien tout assimiler.
On parle notamment dans cette BD de la notion de "théorie du genre", un terme utilisé dans les discours conservateurs et qui serait une mauvaise traduction et interprétation du terme anglais "gender theory". De là découlent évidemment énormément de dérives scientifiquement approximatives et autres joyeusetés qui alimentent les argumentaires limités et haineux.

Je dois bien avouer que je n'avais jamais vraiment réfléchi à l'impact des mots "théorie du genre" avant de lire le chapitre qui y est consacré ici. J'ai trouvé les explications très parlantes et pertinentes et je serai d'autant plus vigilante maintenant sur les termes que j'emploie au quotidien.
Le format BD est véritablement intéressant dans un tel contexte. Il permet d'expliquer les choses simplement et d'apporter un support visuel à des notions parfois abstraites. En un coup d'oeil on va directement au fond des choses, et ce avec beaucoup de pédagogie.

En conclusion, je pense que c'est une BD qui va faire partie des must-have de ma bibliothèque en ce qui concerne la déconstruction du genre. C'est un ouvrage très complet sur le sujet, que les auteurices ont tenté de rendre le plus accessible possible, mais qui à mon sens demande d'être un minimum informé·es sur certains concepts.


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Le site d'Anne Charlotte Husson
Le dossier de presse de l'album (à lire car il est vraiment très intéressant)
Parution: 21 avril 2021 - Casterman
Illustrations: Le genre: Cet obscur objet du désordre par Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu © Casterman 2020

lundi 12 avril 2021

Moi les hommes, je les déteste - Pauline Harmange


Et si les femmes avaient de bonnes raisons de détester les hommes ? Et si la haine des hommes était un chemin joyeux et émancipateur ? 
Dans ce court essai, Pauline Harmange défend la misandrie et entend lui redonner ses lettres de noblesse. 
Un livre féministe et iconoclaste.

Si vous n'avez pas vu passer ce livres sur les divers réseaux sociaux depuis six mois, c'est que vous vivez dans une grotte... Ce livre, il a fait beaucoup de bruit à sa sortie, mais pas vraiment pour les "bonnes"raisons.  Ce n'est pas tellement son contenu qui a été critiqué (surtout parce que la majorité des  hommes* qui l'ont critiqué n'ont sûrement pas dépassé la première page) mais son titre.

Parce que oui, un titre tel que Moi les hommes, je les déteste ça choque. Ça choque plus que les féminicides, les violences conjugales, le harcèlement de rue et j'en passe... L'ego masculin est-il à ce point fragile qu'un simple titre fasse tant de bruit ? Qu'on menace d'en interdire la publication ?
Avant de juger un lire sur son titre, peut-être faudrait-il se pencher sur son contenu.

Parce que plus qu'un essai sur la misandrie, ce livre est une vraie bouffée d'oxygène ! Cet essai, à l'instar de Sorcières de Mona Chollet ou de King Kong Théorie de Virginie Despentes, met des mots justes et pertinents sur ce que les femmes vivent au quotidien. Et c'est peut-être ça qui dérange, finalement.

A travers cet essai, Pauline Harmange revient sur des problématiques dont on parle beaucoup depuis quelques années et qui commencent - heureusement - à interpeller. On parle charge mentale, différence d'éducation entre les hommes et les femmes (ou plutôt entre les garçons et les filles, puisque c'est aussi à ce moment que cela se joue), sexisme ordinaire et autres joyeusetés.

J'ai lu ce livre d'une traite, mais alors que ma lecture ne date que de deux semaines, je me surprends à le reprendre régulièrement et à en relire des passages. Autant pour approfondir et mieux appréhender ce que j'ai lu la première fois que pour garder ce livre en mémoire.

J'aime beaucoup la manière dont l'autrice aborde la question de la misandrie et la définit. Tout ce qu'elle dit sonne vraiment très juste et j'estime que tout le monde devrait lire ce livre au moins une fois dans sa vie, tant il est d'utilité publique.


*Au début j'avais écrit "les personnes qui l'ont critiqué" mais soyons réalistes: les critiques négatives sont essentiellement venues des hommes. En ce sens j'applique donc l'accord de majorité.

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Le site de Pauline Harmange
Son Instagram 
Parution: 30 septembre 2020 - Editions Seuil

vendredi 9 octobre 2020

King Kong théorie - Virginie Despentes


J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés. Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas.
En racontant pour la première fois comment elle est devenue Virginie Despentes, l’autrice de Baise-moi conteste les discours bien-pensants sur le viol, la prostitution, la pornographie. 

Rohlala quelle claque ! 
Cela faisait un bon moment que j'avais envie de découvrir Virginie Despentes et j'avais encore plus envie de lire ce titre dont énormément de monde parle en ce moment. Alors, quand je suis tombée dessus lors de ma dernière virée en librairie, je n'ai pas pu résister, je l'ai acheté. Une semaine après, je le dévorais.

Si j'étais du genre à surligner des passages dans mes livres, je pense que mon fluo aurait rendu l'âme avant la fin du livre... D'ailleurs, plutôt que de m'adonner au surlignage, j'ai préféré noter dans un carnet les citations qui m'ont le plus sauté au yeux; Autant vous dire qu'il y en a un certain nombre. 
C'est dire si ce que l'autrice écrit dans ce livre a résonné en moi.

A travers cet essai Virginie Despentes parcourt une tonne de sujets divers et variés, tournant autour du féminisme. De la maternité au porno, en passant par la prostitution et le viol, l'autrice dénonce la manière dont la société voit les femmes et s'échine à leur pourrir l'existence en leur imposant des carcans. Carcans dont certaines s'efforcent de sortir, non sans y laisser des plumes au passage.

C'est fou de voir que ce livre est plu d'actualité que jamais, alors qu'il est paru pour la première fois en 2007. En treize ans, force est de constater que certaines choses n'ont malheureusement pas évolué.

En conclusion, ce livre d'à peine 150 pages aura réussi à m'interpeller et à me donner envie d'aller creuser du côté de la bibliographie de l'autrice. Je pense d'ailleurs commencer par Baise-moi et voir ce que j'aurais envie de découvrir ensuite.

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Parution: 3 octobre 2007 - Le livre de poche

lundi 18 mars 2019

Sorcières: la puissance invaincue des femmes - Mona Chollet


Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d'aujourd'hui de figure d'une puissance positive, affranchie de toutes les dominations. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure de la sorcière. Elle est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? 
Ce livre explore trois archétypes de la chasse aux sorcières et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante – les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant – l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d'horreur. 
Mais il y est aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.

Cela fait un petit moment que ce livre tourne sur la blogosphère littéraire et je dois bien avouer qu'il m'intriguait beaucoup, surtout alors que je m'interroge de plus en plus sur la condition des femmes et sur le féminisme en général.
Le recevoir dans la dernière commande de la bibliothèque était donc l'occasion parfaite pour le découvrir !

Alors que j'avais quelques petites appréhensions avant de le commencer - je ne suis pas une grande amatrice d'essais - j'ai été surprise par la fluidité du style de l'autrice et par mon rythme de lecture.
En effet, cet essai se lit presque comme un roman. Mona Chollet alterne ses pensées entre faits historiques explicités, passages réflexifs plus pointus et anecdotes pertinentes.
Le tout forme un livre très agréable à parcourir, tant sur le fond que sur la forme.

A travers cet ouvrage, l'autrice rétablit la vérité sur les chasses aux sorcières qui ont secoué l'Europe de la Renaissance et fait des parallèles très intéressants avec la condition des femmes aujourd'hui.
Car contrairement aux idées reçues, ce n'était pas tant l'Eglise que ces femmes instruites et indépendantes dérangeaient mais bien des juges laïcs et de manière plus générale, le patriarcat.

La presque totalité des pages est documentée et sertie de notes de bas de pages, renvoyant à d'autres documents (articles, films, livres) destinés à ouvrir encore plus la réflexion.
Je ressors de cette lecture avec l'envie d'en faire cent autres, tant le sujet est passionnant  et résonne d'une vive importance.

Ainsi, Sorcières est de ces lectures qui laissent des séquelles. C'est le genre de livre qui - même reposé - reste toute la journée dans un coin de votre tête, dont le souvenir est sans cesse ravivé par une conversation ou un fait d'actualité. Le genre de livre qui vous mets une claque aller et une claque retour.
En bref, typiquement le genre de lecture dont je raffole et que je recommande !


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Le blog de Mona Chollet
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Parution: 13 septembre 2018 - Editions Zones