lundi 9 mars 2020

Monde du Livre #6 - Sexisme et littérature: coup de gueule !



Coup de gueule !

Aujourd’hui c’est le 8 mars, la journée internationale des droits des femmes, et je suis énervée. 
Je suis énervée, car je viens de voir l’extrait d’une émission littéraire belge, où le présentateur interviewe Justine Cunha pour sa BD Dans les yeux de Lya avec condescendance et paternalisme. 
Je suis énervée, car cette interview montre à quel point le milieu littéraire (et par extension la société toute entière) méprise les femmes.



Lorsqu’on interviewe une autrice en disant qu’elle fait « de la BD pour fille », c’est déplacé.  
Ça veut dire quoi d’ailleurs « de la BD pour fille » ? 
Une BD toute mignonne, avec des licornes, des chatons et une prédominance de rose ? Ou une BD écrite et dessinée avec le sang de nos règles ? 
Expliquez-moi, parce que pour le coup, je ne vois pas.

Dire qu'une autrice fait "de la BD pour filles", c'est déplacé, mais c'est aussi réducteur et sexiste.
Cela sous-entend que les femmes ne peuvent pas écrire sur certains sujets. Qu'elles ne peuvent pas les aborder de manière intéressante et pertinente.
Et cela sous-entend par extension qu'il existe des "BD pour garçons" (faites par les garçons, évidemment).

On en est encore là en 2020 ? 
À distinguer les « BD pour filles » et les « BD pour garçons » ? 
À (mé)genrer tout ce qui nous entoure, à tout bout de champs ?
À donner des petites voitures aux garçons et des poupés aux filles ? 
C’est dans cette société-là que nous continuons de vivre ? 



De plus, en qualifiant Dans les yeux de Lya de « BD pour filles », on dirait que le présentateur n’a pas compris l’essence de celle-ci, ou pire encore : qu’il en parle sans même l’avoir lue. 
Parce que – et Justine insiste justement là-dessus dans l’interview - Dans les yeux de Lya, c’est une enquête policière (qui flirte à de nombreuses reprises avec le thriller) destinée à un jeune public.
Point. 

Pourquoi sous-entendre que parce que l’héroïne est une fille, les garçons ne pourront d’office pas s’identifier à elle ? Et que c’est la raison pour laquelle ils n’auront pas envie de la lire ?
Comment on faisait, nous, quand la littérature (jeunesse ou générale) nous proposait exclusivement des héros masculins ? On ne lisait pas ? On ne s’identifiait pas à Harry Potter, à Bilbo ou à Hercules Poirot ?
Parce que, si c’est une question d’identification, pourquoi alors lisions-nous BabarPaddington et Les Schtroumpfs? Nous ne sommes pourtant pas des éléphants, des oursons ou des petits êtres bleus que je sache. 
Si des enfants peuvent s’identifier à des héros masculins et à des animaux, pourquoi ne pourraient-ils pas le faire avec des héroïnes ?

Bref, je suis énervée.
Je suis énervée, parce qu'on à beau répéter les mêmes choses encore et encore, j'ai l'impression qu'on est face à un mur. Qu'on refuse de nous entendre et de se déconstruire.

Je suis énervée, mais j’espère qu’un jour la société évoluera et dépassera tous ces clichés sexistes d’un autre temps et qu’on arrêtera d’interroger des autrices/actrices/femmes sur leurs tenues, leur maquillage, leurs conjoints et qu’on s’intéressera à leurs œuvres, à leurs parcours, à leurs combats. 
Comme on le fait pour les hommes.



Pour ceux qui veulent voir l'extrait dont je parle, rendez-vous au passage 24:45
Gifs de chez Giphy

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