Le-mot-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom
J'ai bien conscience de mettre les pieds dans le plat en abordant un tel sujet sur mon blog, mais voilà, l'envie d'en parler me turlupinait depuis un bon moment.
J'ai donc décidé qu'il était temps pour moi de mettre mes idées par écrit et de les partager avec vous.
J'ai donc décidé qu'il était temps pour moi de mettre mes idées par écrit et de les partager avec vous.
Auteur ? Auteure ? Autrice ?
Depuis quelques temps dans le monde du livre et dans l'actualité en général, on a vu surgir un débat qui fait couler beaucoup d'encre: celui sur l'écriture inclusive.
Comme à chaque fois, il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Je ne tiens pas à me battre avec les détracteurs de l'écriture inclusive, mais simplement à dire que je défends cette initiative visant à ramener un peu d'égalité au sein de la lecture et de l'écriture.
Cela dit, il y a tout de même une chose qui me hérisse le poil depuis quelques mois, à savoir le débat que suscite dans le monde du livre et de la blogo l'utilisation du mot autrice.
À mon sens, il n'a pas de raison d'être.
Comme énormément de blogueurs et blogueuses j'ai été confrontée à cette question de féminisation du mot auteur. Et durant mes quatre années de blogging, j'ai beaucoup tâtonné à ce sujet.
Lorsque je parlais de livres écrits par des femmes, j'utilisais tantôt le terme auteur, tantôt celui de auteure.
Si l'utilisation de ces deux mots n'est pas incorrecte, je tiens tout de même à rappeler que auteur est le terme masculin.
Auteure quant à lui, est d’origine québécoise ; Ce n’est pas une erreur de l’utiliser, même s’il s’agit d’un québécisme et que tout comme belgicisme et autres régionalismes, le Robert n’est pas trop d’accord avec leur utilisation. Il faut reconnaître cependant qu’autrice se démarque mieux à l’oral et à l’écrit.
Alors, lorsque j'ai appris l'existence du mot autrice je me suis empressée de l'utiliser. J'avais enfin trouvé le mot qui convenait le mieux à ce que je voulais exprimer.
Cependant, je me suis rendue compte que mon enthousiasme par rapport à l'existence de ce mot n'était pas partagé, et ce pour des raisons parfois absurdes.
C'est moche. C'est bizarre à l'oreille.
Cet "argument" (si on peut l'appeler ainsi) est celui que j'ai le plus vu ces derniers mois, que ce soit sur Twitter, Facebook et autres, et c'est également celui qui me paraît le plus ridicule.
Ne pas utiliser un mot tout simplement parce qu'on le trouve moche ou qu'il ne sonne pas bien à nos oreilles? Sérieusement?
Tabouret, écartèlement et pustule ne sont pas les mots les plus esthétiques de la langue française, pourtant cela n'empêche pas les gens de les utiliser sans se poser de question.
Pourquoi serait-ce différent pour le mot autrice?
C'est un non-sens de ne pas vouloir utiliser un mot pour des raisons aussi triviales, surtout lorsque l'on se penche sur son histoire et sur l'impact de son utilisation (ou plutôt de sa non-utilisation).
On n'a pas l'habitude de l'utiliser. C'est un mot qui n'existe pas.
Pourtant ce mot existe bel et bien et était couramment utilisé jusqu'au XVIIe siècle. C'est l'Académie Française, sous l'égide du Cardinal de Richelieu qui a décidé de supprimer ce mot de nos habitudes langagières.
Mais autrice n'est pas le seul mot à avoir connu ce sort funeste: poétesse, philosophesse, mairesse, peintresse et bien d'autres encore se sont vus éliminés du langage courant.
Pourquoi ?
Afin d'éclipser les femmes de la vie politique, intellectuelle et culturelle. A cette l'époque elles avaient une forte influence dans ces trois milieux.
Cela ne plaisait pas à la gent masculine qui a souhaité les ramener à une "place plus convenable", celle de la mère au foyer.
Selon ces bien-pensants, les femmes n'avaient pas leur mot à dire sur les sujets importants.
Supprimer tous les féminins des mots à connotations intellectuelle était une manière claire et précise de le leur faire savoir, et par extension, à nous aussi, femmes du XXIe siècle.
Sachez qu'à ce jour, l'Académie Française ne reconnaît toujours pas l'existence du mot autrice (ni de ses autres collègues féminins) et l'on est en droit de se demander pourquoi. Surtout lorsque l'on voit la place des femmes en littérature aujourd'hui.
C'est aussi au XVIIe siècle que naît cette stupide règle grammaticale qui dit que "le masculin l'emporte sur le féminin", alors que jusqu'à cette époque, la règle de proximité prévalait.
En effet, lors de l'énonciation de plusieurs mots, on accordait en genre et en nombre en fonction du dernier mot de la liste.
Mais là encore cette règle a disparu, au profit d'une autre, bien plus misogyne.
Quel grand siècle pour le féminisme, n'est-ce pas ?
Ce mot n'est pas dans le dictionnaire.
Alors pardon, mais en fait si.
Permettez-moi de le démontrer en citant l'article d'Aurore Evain sur le sujet et en vous mettant une jolie capture d'écran issu du Robert en ligne.
De l’importance des mots.
Alors s'il vous plaît, avant de refuser d'utiliser un mot sous prétexte qu'il est moche ou que vous n'avez pas l'habitude de l'entendre, réfléchissez à l'impact que cela peut avoir pour une partie de la population.
La moitié de la population que l'on a tout bonnement choisi de laisser sur le côté afin de donner la suprématie aux hommes dans les domaines savants.
Ce genre de problématique vous paraît peut-être sans importance en comparaison aux autres inégalités auxquelles sont soumises les femmes (inégalité des salaires, discrimination à l'emploi, charge mentale, etc.) mais j'estime qu'il n'y a pas de petit combat en matière d'égalité.
Et c'est pourquoi je revendique le droit d'utiliser le mot autrice, et que j'encourage les personnes autour de moi à faire pareil.
Peut-être qu'un jour nous n'aurons plus à nous soucier de ce genre de chose, mais à l'heure actuelle, il y a encore un long chemin à parcourir.
À mon sens, il n'a pas de raison d'être.
Comme énormément de blogueurs et blogueuses j'ai été confrontée à cette question de féminisation du mot auteur. Et durant mes quatre années de blogging, j'ai beaucoup tâtonné à ce sujet.
Lorsque je parlais de livres écrits par des femmes, j'utilisais tantôt le terme auteur, tantôt celui de auteure.
Si l'utilisation de ces deux mots n'est pas incorrecte, je tiens tout de même à rappeler que auteur est le terme masculin.
Auteure quant à lui, est d’origine québécoise ; Ce n’est pas une erreur de l’utiliser, même s’il s’agit d’un québécisme et que tout comme belgicisme et autres régionalismes, le Robert n’est pas trop d’accord avec leur utilisation. Il faut reconnaître cependant qu’autrice se démarque mieux à l’oral et à l’écrit.
Alors, lorsque j'ai appris l'existence du mot autrice je me suis empressée de l'utiliser. J'avais enfin trouvé le mot qui convenait le mieux à ce que je voulais exprimer.
Cependant, je me suis rendue compte que mon enthousiasme par rapport à l'existence de ce mot n'était pas partagé, et ce pour des raisons parfois absurdes.
C'est moche. C'est bizarre à l'oreille.
Cet "argument" (si on peut l'appeler ainsi) est celui que j'ai le plus vu ces derniers mois, que ce soit sur Twitter, Facebook et autres, et c'est également celui qui me paraît le plus ridicule.
Ne pas utiliser un mot tout simplement parce qu'on le trouve moche ou qu'il ne sonne pas bien à nos oreilles? Sérieusement?
Tabouret, écartèlement et pustule ne sont pas les mots les plus esthétiques de la langue française, pourtant cela n'empêche pas les gens de les utiliser sans se poser de question.
Pourquoi serait-ce différent pour le mot autrice?
C'est un non-sens de ne pas vouloir utiliser un mot pour des raisons aussi triviales, surtout lorsque l'on se penche sur son histoire et sur l'impact de son utilisation (ou plutôt de sa non-utilisation).
On n'a pas l'habitude de l'utiliser. C'est un mot qui n'existe pas.
Pourtant ce mot existe bel et bien et était couramment utilisé jusqu'au XVIIe siècle. C'est l'Académie Française, sous l'égide du Cardinal de Richelieu qui a décidé de supprimer ce mot de nos habitudes langagières.
Mais autrice n'est pas le seul mot à avoir connu ce sort funeste: poétesse, philosophesse, mairesse, peintresse et bien d'autres encore se sont vus éliminés du langage courant.
Pourquoi ?
Afin d'éclipser les femmes de la vie politique, intellectuelle et culturelle. A cette l'époque elles avaient une forte influence dans ces trois milieux.
Cela ne plaisait pas à la gent masculine qui a souhaité les ramener à une "place plus convenable", celle de la mère au foyer.
Selon ces bien-pensants, les femmes n'avaient pas leur mot à dire sur les sujets importants.
Supprimer tous les féminins des mots à connotations intellectuelle était une manière claire et précise de le leur faire savoir, et par extension, à nous aussi, femmes du XXIe siècle.
Sachez qu'à ce jour, l'Académie Française ne reconnaît toujours pas l'existence du mot autrice (ni de ses autres collègues féminins) et l'on est en droit de se demander pourquoi. Surtout lorsque l'on voit la place des femmes en littérature aujourd'hui.
C'est aussi au XVIIe siècle que naît cette stupide règle grammaticale qui dit que "le masculin l'emporte sur le féminin", alors que jusqu'à cette époque, la règle de proximité prévalait.
En effet, lors de l'énonciation de plusieurs mots, on accordait en genre et en nombre en fonction du dernier mot de la liste.
Mais là encore cette règle a disparu, au profit d'une autre, bien plus misogyne.
Quel grand siècle pour le féminisme, n'est-ce pas ?
Ce mot n'est pas dans le dictionnaire.
Alors pardon, mais en fait si.
Permettez-moi de le démontrer en citant l'article d'Aurore Evain sur le sujet et en vous mettant une jolie capture d'écran issu du Robert en ligne.
"Près de quatre siècles après le dictionnaire de Cotgrave, il fait sa réapparition dans les dictionnaires de français : en 1996, le Petit Robert précise à l’article auteur qu’"il existe un féminin, autrice", et dans son édition de 2003, une entrée lui est même consacrée. Disparaissent dans le même temps les citations péjoratives sur les féminins d’auteur, tandis que le renvoi à l’étymologie latine auctrix lui confère toute sa légitimité.
En 2004, le dictionnaire Hachette l’intègre à son tour, tandis que l’O.D.S (L’Officiel du Jeu Scrabble) officialise le terme autrice dans sa nouvelle édition..."
De l’importance des mots.
Alors s'il vous plaît, avant de refuser d'utiliser un mot sous prétexte qu'il est moche ou que vous n'avez pas l'habitude de l'entendre, réfléchissez à l'impact que cela peut avoir pour une partie de la population.
La moitié de la population que l'on a tout bonnement choisi de laisser sur le côté afin de donner la suprématie aux hommes dans les domaines savants.
Ce genre de problématique vous paraît peut-être sans importance en comparaison aux autres inégalités auxquelles sont soumises les femmes (inégalité des salaires, discrimination à l'emploi, charge mentale, etc.) mais j'estime qu'il n'y a pas de petit combat en matière d'égalité.
Et c'est pourquoi je revendique le droit d'utiliser le mot autrice, et que j'encourage les personnes autour de moi à faire pareil.
Peut-être qu'un jour nous n'aurons plus à nous soucier de ce genre de chose, mais à l'heure actuelle, il y a encore un long chemin à parcourir.
Sources
Pour écrire cet article, je me suis basée sur trois sources principales:
L'article d'Audrey Alwett
L'article d'Aurore Evain
Cet article de Libération
N'hésitez pas à aller les consulter, ils sont tous très intéressants.
Je dirai donc désormais "autrice".. tu es convaincante! Et je me permets de partager ton article qui m'a en plus apporté des infos sur l'histoire de notre langue ;-). Belle journée Erell
RépondreSupprimerMerci ! Juste pour ça, ça valait la peine d'être écrit ! :D
SupprimerEt merci pour le partage :-)
Génial cet article ! Pour moi, la question de savoir si le mot est moche ne se pose clairement pas. D'ailleurs, je suis d'accord avec ce que tu dis sur le sujet. J'utilise "auteure" depuis plusieurs années, car je tenais à marquer le coup, à dire que le livre avait été écrit par une femme. Toujours en me posant la question de savoir s'il était plus juste de mettre "auteure" ou "autrice". Finalement, après ton article, je crois que le second va désormais avoir sa place sur mon blog ! Bref, merci pour cet article et ses éclaircissements.
RépondreSupprimerEn effet, cette question ne devrait même pas se poser. Malheureusement je l'ai vu fleurir un peu partout. C'est ce qui m'a donné encore plus envie d'écrire cet article.
SupprimerSinon j'ai fait pareil avec "auteure" pendant un bon moment, pour finalement adopter "autrice" que j'utilise depuis quelques mois.
Merci pour ton commentaire ! :D
Merci pour cet article :D D'habitude j'écris toujours de longs commentaires mais là j'avoue que je n'aurais rien à ajouter haha mais je suis d'accord avec toi quant au fait que la justification du "c'est moche" n'a pas de sens. L'Académie française est encore machiste en 2017... on parle d'évolution mais cette année particulièrement j'ai plutôt l'impression qu'on a reculé niveau égalité, c'est assez effrayant... même si oui, d'autres pays sont bien pires, ça ne signifie pas pour autant qu'il faut tout accepter et même dire merci. En tout cas j'avoue que si sur les réseaux sociaux, vidéos et blog j'utilise autrice depuis quelques mois (pas parce qu'avant je ne le souhaitais pas mais ne le connaissais tout simplement pas ; merci Cindy Van Wilder et Lunatrix/tête de litote), dans mon entourage familial je n'ose pas le faire :( car je connais leurs idées fermées qui me font sortir de mes gonds alors soit j'essaie de contourner le mot soit j'utilise le masculin en me flagellant dans ma tête haha
RépondreSupprimerOh bah ce commentaire me semble d'une longueur raisonnable ;-)
SupprimerEn effet, en matière d'égalité il y a encore énormément de progrès à faire. Bien sûr qu'on est privilégiées par rapport à d'autres pays, mais cela ne veut pas dire que tout est parfait. Si on ne continue pas de se battre, jamais rien n'évoluera, ni chez nous, ni ailleurs.
C'est également grâce à Cindy que j'ai appris l'existence de ce mot, et je ne manque pas de l'utiliser, tant à l'oral qu'à l'écrit.
Mais vu le contexte que tu décris, je comprends que tu ne t'y risques pas à l'oral ;-)
Très chouette article ! Je suis passée de auteur, auteure à autrice (que mon correcteur s'acharne à corriger en actrice ou en Autriche ^^). Autrice a toute sa place dans notre langue, c'est même la logique. J'ai mis du temps à trouver le terme féminin qui me convenait le mieux et je trouve que auteure est bien plus moche à dire qu'autrice :P (oui je sais ce n'est pas un bon argument ^^).
RépondreSupprimerHaha oui, mon correcteur fait pareil depuis la dernière MAJ, alors qu'avant il l'avait intégré (je suis tristesse)
SupprimerHaha non, ce n'est pas un bon argument dans ce sens-là non plus, mais il est clair que "autrice" est mieux perçu à l'oral ;-)